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Les sources de Kaamelott : le cycle arthurien

Le roi Arthur, la Table Ronde et ses chevaliers, le Graal et ses mystères, que vous soyez un jeune garçon en quête d’aventures ou une jeune fille dans l’attente d’un amour courtois, ces mots ne vous sont surement pas inconnus. Ils font ressurgir des histoires d’autrefois, de Moyen-Age, de chevalerie, de quête et d’aventures, de tournoi et de magie, de dragons et de légendes.

Kaamelott s’inscrit dans ce que l’on nomme le cycle arthurien, un ensemble d’œuvres diverses et variées, parfois même disparates mais qui ont tous le même cadre, le même univers : le monde Arthurien.

L’origine de ces histoires

Tout d’abord d’un cadre historique, flou et incertain, car on en trouve que très peu de récits. A cette époque, l’on trouve surtout des chroniques historiques, avec des récits très épurés, sans fioritures qui relèvent plus d’une suite d’évènements historiques que de la grande littérature (Historia Regum Britanniae de Sire Geoffroy de Monmouth au XIIème siècle). On y fait alors référence à un dux bellorum (chef de guerre) romain du nom d’Arthur qui aurait pris ses fonctions en Bretagne.

On peut donc voir que le Livre VI de Kaamelott s’appuie peut-être plus sur ce genre d’écrits, à visée historique, que sur des récits légendaires.

Il existe également de nombreuses sources légendaires, des contes, de mythes qui se sont passés par tradition orale de pays en pays (en Irlande, Pays de Galles, Bretagne, Armorique… tous les contrées du mythique Royaume de Logres).

Du Arthur mythique et historique au Arthur littéraire

Celui qui apportera une grande pierre à la base de cet édifice c’est Chrétien de Troyes. Vous avez sans doute entendu ce nom au collège, il est notamment auteur du Yvain, Chevalier au lion, Lancelot, le Chevalier de la charrette et Perceval, le roman du Graal.

Ce sont ses œuvres les plus connues qui mettent en scène Yvain, Lancelot, Perceval en tant que chevalier courtois pour les deux premiers, et héros du Graal pour le troisième. Ce qui est source de la chevalerie arthurienne, c’est l’aventure. Le chevalier part sur les routes, mais c’est l’aventure qui vient le trouver, il est choisi, et même pour certains, élu. C’est le cas de Perceval, qui de par son lignage est lié au Graal (c’est lui qui arrive au château du Graal, mais échoue à l’aventure proposée).

Dans cette lignée, des continuateurs ont repris ces histoires pour tenter de les enrichir, de les finir, chacun en y ajoutant sa petite touche personnelle. Ainsi on retrouvera Perceval en roi du château du Graal, un Graal qui par ailleurs, à l’époque de Chrétien de Troyes n’est pas du tout christianisé. Jamais il n’est que cette coupe soit celle de la Cène que Joseph d’Arimathie aurait utilisée pour récupérer le sang du Christ sur la Croix.

Cette dimension n’apparait qu’au XIIIème siècle. En ce temps-là on met les romans en prose et on donne à ce folklore celtique une nouvelle dimension chrétienne. La grosse saga s’intitule alors le LancelotGraal. On y reprend toute l’histoire de Lancelot depuis sa naissance, ses aventures, on en fait le meilleur chevalier du monde et le plus courtois, un prétendant idéal pour le Graal, donc. Seulement voilà, il entretient une relation avec la reine Guenièvre, on ne peut alors plus décemment lui attribuer le statut de héros du Graal.

Vient alors la création de génie : Galahad, fils de Lancelot et de la fille du roi Pêcheur, celle qui tenait le Graal lors du cortège. Ainsi Galahad est le lien entre la lignée de Lancelot et celle du Graal.

Les aventures du Graal se terminent donc avec les élus (Galahad, Perceval et Bohort), et une fois la quête finie, on termine le cycle sur l’effondrement du monde arthurien, dans La Mort Du Roi Arthur.

Un monde qui s’enrichit au fil des siècles

Bien que ces personnages et leurs liens soient établis avec plus ou moins de certitude, et de respect selon les ré-interprétations, ils évoluent différemment selon les pays et les époques.

En Angleterre, par exemple, un des grands chevaliers n’est autre que Gauvain, héros de quelques histoires (Gauvain et le chevalier vert). On lui attribue une force extraordinaire qui croit jusqu’à midi, où le soleil est à son zénith, et décroit jusqu’au soir.

En France, c’est Lancelot qui reste le meilleur chevalier du monde, c’est sa lignée qui est mise en avant.

L’Histoire reprendra ses œuvres avec plus ou moins d’intérêt, notamment avec Thomas Mallory qui signera le Morte d’Artu, un ouvrage qui, pour les britanniques, sert de référence pour la légende arthurienne, que ce soit pour la fantasy ou le cinéma (Excalibur de Boorman, 1981).

De nos jours on reparle encore de ces légendes et de ces héros, et la littérature foisonne (Mary Stewart, Stephen Lawhead, Marion Zimmer-Bradley, Mark Twain, Barjavel ou T.H. White qui a écrit le livre qui servira de base au Merlin l’enchanteur de Disney), sans compter les inspirations que l’on retrouve dans d’autres œuvres, citons pour exemple Tolkien, ou les Monthy Python mais également Star Wars !

On retrouve également dans des jeux : jeux de société, mais aussi jeux de rôle (Pendragon, sorti en 1986), tout cela pour prouver que l’imaginaire arthurien est loin d’être mort, la question à se poser est : pourquoi ?

Parce que comme les moines copistes du Moyen-Age, la dimension d’auteur n’existait pas, les textes étaient écrits, mais surtout réinterprétés, d’où une multitude de versions parfois différentes, mais qui font de cet univers, un monde vivant et en perpétuel mouvement.

En ce sens on ne peut plus s’étonner de trouver dans la liste des sources du cycle arthurien le nom d’Alexandre Astier associé à ceux de Chrétien de Troyes, de Mallory, de Wace, de Boorman et des Monthy Python… tous à leur manière ils font vivre cet imaginaire, et nous les en remercions.

Chrétiens de Troyes avait pour volonté de faire de ses textes « une belle conjoncture », une sorte de tapisserie cousue avec différents morceaux de tissu (différents textes). Sa volonté est respectée car huit siècles après lui, de formidables conteurs continuent ce travail de couture, en nous emmenant rêver avec eux de chevalerie, d’aventures et de romances.

À nous désormais de faire en sorte que tout ceci ne s’arrête pas là…

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